Bien reprenons notre histoire.
Madame Stevans n’était pas heureuse puisqu’elle avait donné naissance à des jumeaux. Ces êtres qu’elle méprisa immédiatement étaient très mal considérés à l’époque. D’ailleurs une violente dispute suivie l’accouchement de la jeune femme et son mari l’aurait certainement quitté si elle ne s’était pas jetée à ses pieds en larmoyant. Scène courante au temps où les hommes dominaient les femmes. Les enfants furent appelés Alexander pour le premier d’entre eux (qui prendra plus tard le simple surnom d’Alex) et Kaithleen. Tout deux s’entendirent très vite à merveille et bientôt ils furent inséparables. Chaqu’un savait tout de l’autre. Ils marchaient d’un même pas, sachant pertinemment où ils voulaient aller ensemble. Ils voyaient peu leurs parents car ceci travaillaient durs, mais ils n’étaient pas seuls pour autant. En effet ils avaient comme nourrice une de ses bonnes grosses vieilles femmes au caractère plus que méprisant et colérique. Quel plaisir ils prenaient tout deux à se cacher pour lui échapper. Ils en récoltaient de nombreuses punitions mais aucune leçon. Le premier mot que chaqu’un prononça fut le prénom de son jumeau. Malheureusement à l’age de cinq ans leur parent les reprit en charge. Leur mépris avait évolué depuis et seul l’argent comptait à présent. Il fallait avouer que cette période de l’histoire n’était guère simple. La peste noire sévissait déjà dans tout le royaume. En résumé Alexander devait devenir célèbre et rentrer glorieux quand à Kaithleen, elle épouserait un chevalier riche. En plus de ce destin imposé, leurs parents les interdirent de se voir. Croyant leur ordre suffisamment clair, ils ne modifièrent guère les chambres ainsi les jumeaux étaient proche l’un de l’autre. Grosse erreur dont profitèrent les enfants en courant chaque nuit dans la chambre de l’autre avec empressement.
Bien, suivez-vous toujours ou êtes-vous trop fatigués ? Cela n’a guère d’importance de toute façon puisque vous n’avez guère le choix. Continuez d’écrire car je puis vous assurer que celui ou celle qui s’interrompt connaîtra un destin funèbre et que tous les pleurs du monde ne suffiront pas à ce que j’arrête ma machiavélique torture. Continuons, voulez-vous ?
Tout se passa bien jusqu’au jour où par un beau soir de décembre Monsieur et Madame Stevans surprirent leurs enfants dans la même chambre en train de rire. Ils furent séparé et en guise de récompense recevèrent quelques coups de ce merveilleux instrument qu’utilise Catwomen : le fouet. Et je peux vous garantir qu’après ne serait-ce que vingt coups tu vois la vie différemment. Mais le lendemain cela n’eut plus guère d’importance puisque Alex avait enfin découvert qu’il ne pourrait plus jamais quitter sa doublette. Leurs esprits étaient reliés. Ils eurent ainsi de longues et intéressantes conversations. Jamais plus ils ne s’ennuyèrent. Quand à sa sœur, elle lui révéla avoir des visions. Ensemble ils commirent certainement la pire erreur de leur vie en allant répéter ce secret à leurs parents. Oui, j’avoue ne pas savoir ce qui m’est passé par la tête ce jour là mais croyez-moi ou non maintenant je ne le regrette pas du tout au contraire puisque mon garde manger n’a jamais été aussi rempli. Excusez moi, quel goinfre je fais de temps en temps, je me surprends moi-même. Après l’avoir révèle, les jumeaux durent prendre leurs jambes à leur cou pour échapper à la mortelle sanction : la peine de mort. (Croire que mes parents étaient dotés d’amour c’est aussi idiot que croire que ma sœur et moi sommes deux créatures pourvues d’amour)
La nuit était tombée sur la grande route d’Alviedra. Enfants et adultes étaient sur le point de s’endormir. Les antiques volets étaient pour la plupart fermés et la majestueuse lune succédait au soleil. Tout était calme et personne n’aurait pu soupçonner que cette nuit de premier croissant changerait l’avenir de deux jeunes enfants et celui du pays entier. Une porte se referma silencieusement derrière eux, et main dans la main les jumeaux s’avancèrent vers l’inconnu. Ils ne courraient pas mais ne traînaient guère. Ils se contentaient d’avancer pas à pas dans les Ténèbres environnants, leurs capes noires sur le dos. Le Royaume-Uni vu de nuit les surprit plus que ne les inquiéta. Voir tant de clochards, de mendiants les dépassaient, eux qui avaient l’habitude de côtoyer des gens de milieu aisé voir aristocratique. La famille royale faisait-elle exprès de vouloir tenir les miséreux à l’écart ? Dans ce cas la royauté était une meurtrière, car combien de ses pauvres gens mourraient chaque jour à cause du froid, de la maladie ou simplement de la faim ? Mais ce qui étonna le plus le jeune Stevans étaient toutes ses maladies inconnues et parmi elle, la plus frappante concernait un homme dont la peau si cadavérique se décomposait petit à petit. Il prit également peur en voyant un homme tout fripé aux cheveux blancs et longs. Maladie que l’on appellerait de nos jours : vieillesse. Ainsi se promit-il de nager dans la jeunesse éternelle, quitte à vendre son âme.
Les deux jumeaux s’avancèrent encore davantage vers l’intérieur des terres, tantôt courant, tantôt tachant de ne pas se faire repérer, tantôt les deux simultanément. De temps à autre, on leur adressait la parole « Etes-vous perdus mes enfants ? », « Où courrez-vous ainsi en cette belle nuit mes chéris ? », « Venez, suivez-moi mes petits. Vous trouverez un bon toît chez moi. »
Cette dernière, toute édentée me fait maintenant penser à ses bons vieux et vieilles qui tard les soirs disent aux petits enfants :
« Mes petits chéris,
Venez voir Papi/mamie
Une grande confiserie
Vous attends dans mon Audi. »
Sauf que bien évidemment à cette époque les voitures n’existaient pas.
Tous deux avançaient en silence, pourquoi se fatiguer à parler lorsque l’on se connaît tellement que l’on comprend l’autre rien qu’en lisant dans ses yeux ? Ils courraient d’un même pas lorsqu’enfin ils tombèrent sur un sinistre manoir abandonné.
Je pourrai vous faire visiter les lieux, vous faire peur, vous raconter la suite de ma vie si palpitante,de la première fois que j’ai tué quelqu’un mais voyez-vous il se fait tard. Non que je n’ai point tout mon temps, au contraire c’est l’avantage d’avoir « vendu mon âme au Diable ». Ce personnage m’a d’ailleurs toujours fait rire. Croyez-vous qu’il existe plus sadique, plus persécuteur, plus maléfique, plus dévastateur que moi ? Mais disons que lui et moi n’avons pas la même façon d’user de vous et de votre mort. Lui n’utilise que le merveilleux parfum de la mort alors que moi, peintre beaucoup plus compétant j’utilise une palette entière de sentiment. D’ailleurs depuis le temps que nous sommes ensemble n’êtes-vous pas apssé par la curiosité, le plaisir, le dégoût, la peur, la curiosité encore, le plaisir, le plaisir, l’envie, l’amitié, l’amour, l’adulation, la tristesse, encore l’adulation pour finir sur un questionnement sur votre sort ? Sachez qu’aucun mal ne vous sera fait par mon illustre personne… du moins pas tant que je n’aurai point terminé ce qui ne devrait pas être long. Donc partez ! Partez avant qu’il ne soit trop tard ! Hélas, il semblerait que votre réaction fut trop longue, pauvres petits poissons pris dans les mailles du grand méchant pécheur. Vous resterez planté là même si je vous révélais que je compte vous tuer. Oui, vous êtes mes prisonniers volontaires. Vous tous ressentez ce fort attachement, vous tous respirez ce parfum. Vous souhaitez partir mais votre instinct vous dicte le contraire. De même la folie vous pousse à rester alors que votre cœur vous supplie de vous retirer. Ah… Que tout serait si simple si vous restiez simplement pour pouvoir vous dire « je suis fort et j’affronte la mort en face. » ou tout bêtement parce que vous êtes atteint de cette maladie étrange que l’on appelle flemme. Mais, la vérité, c’est que vous m’idolâtrez, vous m’aimez autant que vous me détestez. Pour vous je suis la vie et la mort, les pétales douces d’une fleur sacrée et un poison mortel, l’amour et la haine. Pour vous je suis le Dieu et je suis le Diable. Ainsi quand vous sentez ma présence, mon souffle, mon haleine, votre cœur se met à battre beaucoup plus rapidement et en même temps qu’un délicieux rouge vient éclairer vos joues, un nouveau liquide se répand dans vos veines, un liquide qui vous pousse vers l’avant, un liquide qui vous fait frémir : l’adrénaline… Oui c’est ainsi qu’on l’appelle. C’est l’un des merveilleux ingrédients qui vous attirent à moi. D’ordinaire celle-ci vous pousse à combattre, à rester vivant mais une nouvelle fois j’interviens. Je vous adresse un charmant sourire et vous restez figé à me regarder, perdant tout vos moyens. Votre cœur bat plus vite mais qu’importe, vous ne pouvez plus réagir, un nouveau venin coule dans vos veines, plus puissant que l’adrénaline. Alors Le Danger, pas à pas s’approche de vous. Vous le regardez sans mouvement, sans bruit, depuis longtemps vous n’êtes plus de ce monde. Le mélodieux danger se penche vers vos lèvres, les embrasse, les rend plus piquantes, plus douces aussi. Vous ne réagissez toujours pas. Alors il se penche vers votre cou doucement, non plus doucement encore et vous aspire votre liquide vital. Lentement votre vie s’enfuie en courant, vous la regardez tentant enfin de la garder pour vous, mais il est trop tard et vous le savez. Vous avez conscience à ce moment-là que votre mort est imminente. Vous prenez aussi conscience que vous l’avez toujours su mais que le Danger vous a séduit et aveuglé.
Bien ceci dit et cette mise en garde faîte, je dois malheureusement vous quitter. Mon histoire n’est pas complète certes mais le reste est trop proche, me ressemble beaucoup trop et seul ma sœur sait ce que j’ai ressenti lors de ma transformation. Quand à vous, peu importe, puisque tôt ou tard vous connaîtrez une fin tragique qui satisfera mon appétit Ô doux agneaux, à part bien évidemment que vous puissiez maître d’une quelconque utilité.
Je vous laisse là, insatisfait mais encore plus curieux. Ne vous avais-je point dit que la curiosité était un vilain défaut ? Et que lire ma fiche vous mènerez à la mort ? Car comment ne pas vouloir un rp avec moi maintenant que les feux de l’adrénaline vous ravagent ?
Je vous souhaite un agréable séjour sur notre chère ville
Cordialement
Quelqu’un qui ne veut que votre bien.